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Françoise / Belgique

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Conseillère en orientation professionnelle

Françoise me reçoit dans sa maison près de Braine-le-Comte.  Sa maison lui ressemble. Elle est simple, elle est belle, pleine de vie et d'imprévus. Après trente années où nous ne nous sommes pas vus, nous avons l'occasion d'échanger sur nos vies respectives. Celles d'après les études secondaires que nous avions partagées, mais aussi celles d'avant dont nous ne parlions jamais.
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Je lui suis immensément reconnaissant de s'être ouverte à cet entretien, d'avoir partagé ses passions et ses doutes, d'avoir exprimé avec tant de douceur la douleur de ce à quoi l'on ne peut pas grand chose et que l'on voudrait tellement pouvoir changer.

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DIS-MOI TROIS CHOSES A PROPOS DE TON PERE OU DE QUELQU'UN D'AUTRE SI TU PREFERES

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Le choix est très difficile : mon père, mes enfants, mon mari.

Si je peux dire trois choses à propos de mon père, c’est que je ne l’ai pas beaucoup connu pendant mon enfance car il travaillait, il partait à 6h du mat’ et revenait tard le soir. J’ai commencé à le connaître plus quand j’ai quitté la maison à 18 ans et que je revenais le weekend. Mon père était toujours à l’écoute pour moi. Quand j’avais des soucis, je pouvais lui parler de mes problèmes, de mon souci d’accepter la religion catholique. Il était ouvert à la discussion, ce qui était déjà pas mal à ce niveau-là.

 

Mon père a été quelqu’un dans ma vie, de plutôt intrusif je trouvais. J’avais meublé ma cuisine, puis un jour il est venu et il a changé les meubles et ça m’a perturbée. Il a cru bien faire parce qu’il trouvait ça beau, mais je lui ai dit « je voudrais bien choisir mes meubles». Donc voilà, je le trouvais un petit peu intrusif au début, puis j’ai remis les choses en place en lui disant « écoute, c’est ma maison. J’aimerais pouvoir avoir des chouettes meubles simples. J’aime pas les trucs trop complexes ». Il a bien entendu et s’est fait moins intrusif. Il s’est adapté.

 

C’est quelqu’un de très généreux. Il s’occupe d’une ASBL (Association Sans But Lucratif) à Braine-le-Comte. Leur objectif c’est de rassembler des vêtements, des jouets, des choses pour des personnes qui sont en difficultés. Il s’est occupé des banques alimentaires. Et voilà, je trouve que c’est des choses chouettes. Pour quelqu’un qui est pensionné, il a plein d’occupations. A ce niveau-là, je l’apprécie.

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QUI S'EST PREOCCUPE DE TOI QUAND TU ETAIS ENFANT?

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Ah. Mon grand-père. Mon grand-père qui est là-bas sur la photo. Le père de ma mère qui vivait avec nous à la maison. Ma mère étant paraplégique, elle n’a pas su s’occuper de moi quand j’étais enfant. Je parle de la période où je suis rentrée chez mes parents à l’âge de 7 ans ½. Mon grand-père a été super. Il m’a appris plein de choses. A la base il était jardinier. Il m’a appris les noms des arbres, des fleurs des oiseaux. J’allais faire des balades avec lui ; j’allais en vélo avec lui ; il m’a appris plein de choses. Il lisait énormément. Et donc il s’intéressait à plein de choses aussi. Autant des livres scientifiques, des livres d’histoire et voilà j’ai appris énormément avec mon grand-père. C’était quelqu’un de bienveillant. Je l’ai rarement vu en colère. C’était quelqu’un de très paisible, de très calme et il a eu beaucoup de patience.

 

Je n’étais pas une enfant turbulente. J’étais très calme et obéissante. J’ai eu beaucoup de contacts avec lui, et quand il est allé à la maison de repos, quand maman est décédée, il est parti, et je suis allée le visiter tous les weekends avec David qui était petit. Alors, il était incroyable parce que chaque semaine, il nous offrait un pot de miel et un grappe de bananes. Des pots de miel, on en a reçu des quantités phénoménales. Enfin, voilà, ça c’était mon grand-père. Il était vraiment chouette. Il s’est beaucoup occupé de moi. Comme je te l’ai dit, mon père était parti le matin quand je me levais, il revenait le soir quand j’étais couchée, donc je n’ai pas eu énormément de contacts avec lui. Ma mère s’est occupée de moi, plus pour me faire réciter des tables de multiplication ou ce genre de choses. C’était plus des choses d’école.

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J’ai passé deux mois en quarantaine à l’âge de 7 ans. Ma mère, j’avais avec elle une relation très fusionnelle ; avant ça c’était ma tante et ma grand-mère. Je n’ai pas de bons souvenirs de ma tante. C’était quelqu’un de très nerveux ; rigoureux dans son éducation. En général c’était plutôt la petite qui faisait des conneries, mais elle ne faisait pas de distinction. On devait toutes s’installer dans le canapé et on recevait chacune trois claques. Donc, je n’ai pas apprécié qu’on m’inflige une punition quand je n’avais rien fait de mal. Puis bon, j’avais le malheur d’avoir de très longs cheveux, et le matin, c’était une véritable torture de peigner les cheveux. Elle les tirait. Moi qui suis très calme à la base, j’ai vraiment eu du mal.

 

J’ai eu un problème de santé, j’ai eu mon hépatite et j’avais déjà des douleurs à cette époque-là. Elle disait à ma mère « moi je pense que ce sont des grimaces ». Donc je n’ai pas été soignée avant de retourner chez mes parents, ce qui était un peu embêtant dans la mesure où mon foie était dans un sale état à ce moment-là. Je n’ai pas de bons souvenirs de mon enfance chez ma tante. Heureusement, après j’ai pu rejoindre mes parents. Ceci dit, il y a eu un conseil de famille, la famille n’était pas d’accord que je réintègre le foyer familial parce que je n’étais pas capable de me prendre en charge et que donc, ma mère ne savait pas s’occuper de moi. Heureusement mon père a tenu bon. Il a insisté, disant « c ‘est sa fille. Elle a quand même le droit de l’avoir avec elle » Et voilà, je suis retournée chez mes parents.

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TE SOUVIENS-TU D'UN MOMENT OU TU T'ES SENTIE SPECIALE DANS LES YEUX DE QUELQU'UN?

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En tant qu’enfant ? Un jour mon grand-père était à la salle de bains et il a été asphyxié avec le chauffe-eau au gaz. Je devais avoir 8 ans. J’ai entendu un grand boum. Je me suis dit qu’il devait y avoir un problème là, et j’ai senti une odeur de gaz. J’ai appelé le 112 et j’ai dit, voilà mon grand-père est à la salle de bains et il y a une odeur de gaz. Tout le monde s’est rappliqué ; les ambulances, les pompiers. Mon grand-père a été reconnaissant parce que si je n’avais pas été là, il serait peut-être … je sais pas…ça aurait pu mal se terminer. Surtout que la dame qui nettoyait à l’époque voulait carrément lancer un pavé dans la vitre ! Le pavé sur la tête, c’est pas une bonne idée.

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Sinon, quelqu’un qui a eu beaucoup d’attention pour moi, c’est ma mère. Clairement. Quand j’étais à l’unif, que j’avais des examens, elle stressait autant que moi. Quand j’étais à l’école c’était pareil. Quand j’avais une interro, elle stressait aussi. Donc voilà, elle m’a octroyé pas mal d’attention durant mes études.

 

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QUI T'A AIDEE A GRANDIR?

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Ben, je pense … mon grand-père, le père de ma mère. Mon grand-père n’était pas du tout croyant. Donc déjà au départ, on discutait du Vatican, Il trouvait scandaleux que le Vatican soit un des états les plus riches du monde. J’ai partagé beaucoup de ses idées à ce niveau-là. Ma mère certainement m’a aidée à grandir. Elle a été très sévère avec moi, mais je crois que je la remercie de l’avoir été parce que j’ai pu gérer mieux mes relations, mes études en ayant cette éducation. Voilà, moi je râlais souvent parce que j’avais une copine qui venait me chercher pour jouer, mais voilà, il fallait que je finisse mon travail pour l’école, après il fallait que j’aide ma mère aussi dans la maison parce qu’il y avait des choses qu’elle ne savait pas faire et qu’elle me demandait de faire.

 

Quelque-part, à l’époque, j’étais vraiment … je râlais, mais là maintenant je me dis qu’elle avait raison d’être sévère. Au moins je suis devenue ce que je suis. Quelqu’un de fiable, de respectueux. Ma mère avait aussi un grand respect pour la nature que j’ai moi-même. Mon grand-père, pareil. J’essaie de faire pareil avec mes enfants. C’est une chose importante pour moi. Je trouve que c’est malheureux. On n’a pas de planète B, donc si on ne prend pas soin de celle-ci, c’est un peu dommage.

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QUAND ES-TU DEVENUE ADULTE?

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Ben, je pense que je suis devenue adulte…  Il y a une part de moi qui est restée une enfant. J’ai toujours envie d’être une enfant. Quand j’allais acheter des jouets pour mes enfants, en général, je me prenais un petit truc aussi. Mon mari me disait : « j’ai trois enfants dans la maison. C’est pas possible ». Puis j’aime bien jouer. J’aime bien jouer à cache-cache ; j’aime raconter des histoires et j’aime bien aussi faire un peu la folle. S’il y a une grande flaque d’eau, j’aime bien sauter dedans. Ce genre de choses quoi.  Mais je sais me comporter en adulte, mais il y a encore une part de moi qui est restée enfant.

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Tu ne te sens pas contrainte dans un rôle d’adulte?

 

Pas vraiment. Les garçons ne sont pas critiques par rapport à ça. Le grand peut-être un peu parce qu’il est dans une période d’adolescence. Je me souviens d’un jour où on était allés à Bruxelles, et avec Nicolas, on courait pour sortir de la gare parce qu’il y avait une belle pente. Et puis, David me dit : « Ecoute maman, tu me fous la honte. Tout le monde nous regarde ». Je lui dit « j’en ai rien à foutre. Tout le monde peut nous regarder. J’ai envie de courir. J’ai envie de m’amuser ». Donc lui va un peu trouver que mon comportement n’est pas top pour une maman. Par contre Nicolas, lui n’a pas de souci avec ça.

 

Il m’arrive en faisant la vaisselle, j’écoute la radio tu vois, et je me suis mise à danser dans la cuisine. Il y avait David et Nicolas qui étaient en train de me filmer avec leur portable par la fenêtre. Ils m’ont dit « Ouais, on va mettre ça sur Facebook. Maman en train de danser ». Donc voilà, j’ai encore des comportements d’adolescente ou d’enfant, peu importe.

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« Tu aimes bien la fantaisie, mais pas particulièrement l’étaler au grand jour?

 

Je n’ai pas de problème avec ça. Maintenant je ne vais pas faire de fantaisies au boulot, mais c’est vrai qu’ici de temps en temps je déconne un peu et ça fait du bien.

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ENTRE ETRE AUTONOME ET QUE QUELQU'UN S'OCCUPE DE TOI, QU'EST-CE QUE TU PREFERES?

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Etre autonome. Absolument. J’ai été autonome très tôt dans ma vie par rapport à d’autres enfants puisque j’ai eu une situation familiale un peu particulière qui a fait que j’ai dû être autonome. J’ai dû me lever le matin toute seule. Prendre le bus, faire mes devoirs et voilà. J’ai continué à quand je peux faire quelque chose moi-même, je le fais moi-même. Quand je n’y arrive pas je vais demander de l’aide, mais ça arrive rarement parce que je préfère me débrouiller. Clairement.

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QU'EST-CE QUI TE REND BELLE, POURQUOI?

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Je pense que je suis une personne généreuse. C’est ce que les personnes disent de moi. Mes enfants aussi. Mon mari aussi. J’ai souvent des petites attentions. Quand je vois quelque chose qui peut intéresser l’un ou l’autre… Voilà, je pense que c’est ça.

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C’est une de mes qualités, la générosité. J’aime bien être généreuse avec ma famille, avec mes amis, avec les gens que je connais, avec quelqu’un dans la rue qui va me demander une cigarette ou qui va me dire qu’il a faim ou n’importe quoi. Je pense que c’est ça qui fait de moi une belle personne. 

 

 

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SI ON DEMANDE A TROIS AMIS DE DESIGNER UN OBJET QUI TE REPRESENTE?

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J’ai dû faire ça lors d’une formation que j’ai suivie, et j’ai dû moi-même trouver trois objets qui me représentaient. J’ai choisi dans ces objets une corde parce que j’ai fait beaucoup d’escalade. J’adore la montagne. J’adore aussi une corde dans le sens où j’essaie toujours d’atteindre mes objectifs. Je vais être persévérante. Si je ne réussis pas tout de suite, je vais recommencer. Donc c’est dans ce sens-là.

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Je ne suis pas quelqu’un qui accorde de l’importance à des choses comme des bijoux. Les objets c‘est une boîte de cailloux. Des pierres que j’ai ramassées un peu partout dans le monde pendant mes voyages. Il y en a de très jolis. J’aime bien les regarder.

Le parfum en général. Le parfum que je porte, l’encens. Les bougies parfumées. Ca me représente bien aussi.

 

Je ne suis pas très accrochée à tout ce qui est bijoux, smartphone… C’est mon mari qui m’a acheté ça (le smartphone). Au départ j’avais un bête GSM. 

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Peut-être aussi, j’aurais pu prendre l’appareil photo, quoi que maintenant je ne fais plus beaucoup de photos. J’en ai pris beaucoup pendant mes voyages. C’est aussi une façon pour moi de pouvoir garder tous ces souvenirs. De les voir de temps en temps. D’envoyer à ces gens en Inde, les photos que j’avais prises d’eux. C’est un objet que j’ai beaucoup utilisé dans ma vie. Quand les enfants étaient petits aussi, je faisais beaucoup de photos. 

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Aussi, avec les enfants, un carnet dans lequel je mettais toutes les choses marrantes qu’ils me racontaient. J’ai fait un carnet pour chacun et un jour je leur ai dit « je vous l’offre. C’est pour vous ». C’est toutes vos conneries, toutes les bêtises que vous avez racontées, toutes les choses marrantes que vous avez pu dire.

 

Une manière de fixer les souvenirs et de les partager ? Je dois dire que quand ils ont relu leurs petits carnets, ils ont pas mal ri (parce que c’était plaisant à lire).

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Un autre objet que j’ai, mais que je n’utilise pas depuis longtemps, c’est mon sketch-book. Ce sont mes dessins. J’en ai fait quelques-uns. Je commence seulement mais j’essaie de… je fais des animaux en fait. Celui-ci n’est pas terminé. C’est un dragon. J’aime bien tout ce qui est fantasy. Nicolas m’a demandé de faire ceci. C’est un personnage d’un jeu. J’essaie de dessiner. Ca me permet de me détendre. De faire quelque chose de nouveau. Je ne connaissais par le dessin. J’ai commencé quand j’avais mon burn-out et que je n’avais plus suffisamment d’énergie pour faire autre chose. Je me dis que je vais continuer. Je vais continuer parce que j’aime ça. J’aime dessiner et peut-être faire de la peinture. Mon père fait de la peinture et m’a dit « si jamais tu as envie, je t’emmène au cours ».

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QU'EST-CE QUI EST DUR QUAND TU TE LEVES LE MATIN?

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Le réveil qui sonne. Ca c’est très dur. En général, je dors mieux le matin. Le soir, j’ai plutôt du mal à m’endormir. A part ça non. Une fois que je suis levée, ça va. Je prends un café ; ça va un peu mieux déjà et le reste c’est gérable. C’est surtout le réveil. La sonnerie du réveil qui m’est pénible.

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QU'EST-CE QUI TE FAIS SOURIRE LA JOURNEE?

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Ce sont les animaux. Là j’aime bien les chats. Parfois ils ont des crises d’énergie débordante et font des conneries dans la maison. Mes enfants. De temps en temps ils me font sourire. Les gens que je rencontre, au travail. Pendant le trajet, j’aime bien regarder le paysage. Si je vois un super ciel bleu, je vais m’arrêter et je vais prendre une photo.

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QUELLE EST LA DERNIERE FOIS OU TU AS SAUVE LE MONDE?

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 Ouf ! Je n’ai pas l’ambition d’avoir sauvé le monde, mais c’est vrai qu’avec mon mari, on se disait que si on avait encore 25 ans, on irait faire la révolution ou essayer de changer les choses. Mais voilà…

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Un moment où tu as vraiment eu l’impression de faire quelque chose de bien ?

Il y a deux ans j’ai fait une enquête sur l’apprentissage de l’orthographe. J’étais scandalisée en voyant comment mes enfants au niveau scolaire, comment l’orthographe était simplement… Quand ils avaient une interro, les fautes d’orthographe, on ne les relevait même pas. En tant que maman, je trouvais cela assez incroyable de devoir passer du temps à relever les fautes et demander à l’enfant de les corriger.

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Donc j’avais fait une enquête au collège et au niveau de l’enseignement supérieur, et j’ai publié un article dans une revue de la FAPEO (Fédération des Associations de Parents de l'Enseignement Officiel). J’ai interpellé les politiques. J’ai envoyé mon article à plusieurs d’entre eux. Certains m’ont répondu dont Charles Michels, Didier Reynders. Je me suis dit « Je fais ça pour moi. Si je ne le fais pas, j’aurai mauvaise conscience ». Je sais que ce n’est qu’une petite goutte. Ca ne va peut-être pas engendrer de réaction politique. Mais voilà, je l’ai fait parce que en tant que maman, je considérais que c’était important de le faire, et j’en suis contente. 

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Je ne regrette pas de l’avoir fait. J’ai passé beaucoup de temps à faire ça. A envoyer les questionnaires, à les récupérer, faire une synthèse, rédiger l’article. C’est quelque chose qui m’a tenu à cœur parce que je trouvais qu’il y avait un monde de différence entre la façon dont, nous, on a … Je ne sais pas si tu te souviens, mais quand nous étions en humanités, s’il y avait cinq fautes dans n’importe quelle branche, c’était « Insuffisant ». Je ne dis pas qu’il faut pénaliser, mais au moins relever les fautes que l’enfant a faites et les lui faire corriger. Mais même ça, ce n’est absolument pas fait.

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Comme je travaille au FOREM (Service public de l'emploi et de la formation), j’ai beaucoup de contacts avec les employeurs. La compétence première au niveau de quelqu’un qui travaille comme emploiyé administratif, secrétaire ou dans l’administration en général c’est l’orthographe. Alors il y a beaucoup trop d’incohérence entre l’enseignement ... on ne les prépare pas à devenir autonome. On ne les prépare pas aux exigences du monde du travail.

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Je me demande si ce n’est pas une volonté politique. On fait de ces enfants des assistés. Quand ils se retrouvent demandeurs d’emploi, ils ne sont pas foutus de faire un CV. Ils font des fautes dans leurs CV. Nous on a énormément de boulot à ce niveau-là. Donc ceux qui ne passent pas par nous, ils vont galérer pour trouver un boulot.

 

 

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QUI PREND SOIN DE TOI?

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Mon mari. Les enfants aussi. Parfois j’ai un peu le Blues, ou je ne me sens pas très bien. Alors j’ai des bisous, j’ai des câlins. « Aller maman ça va aller. T’inquiète ». C’est ma famille.  C’est mes amies aussi. J’ai des amies avec qui j’ai discuté parfois de certains problèmes et qui ont été … qui se sont montrées réceptives à tout ce que je leur ai raconté. Voilà, donc je pense qu’il y a beaucoup de personnes qui prennent soin de moi.

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DE QUI PRENDS-TU SOIN?

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Je dirais ma famille. Mon mari, mes enfants, les animaux, le chien, les chats, les moutons, les poules. Les amis et peu importe si je ne les ai plus vus depuis longtemps. Une amie m’a appelée récemment et me dit « Françoise je voudrais te parler ». Je lui dis « Viens, demain je suis disponible ». Et donc cette amie en question m’a appelée parce qu’elle faisait un burn-out et qu’elle savait que j’en avais fait un. Elle voulait un peu savoir comment j’avais géré ça. Comment ça c’est passé. Je l’ai écoutée. Je lui ai donné des conseils et voilà.

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Mon père, s’il a besoin. Quand il était hospitalisé, je suis allée le voir. Mon grand-père pareil. J’avais repris sa lessive quand il était en maison de retraite. Je prends soin des gens qui m’entourent en général. Je prends soin de la nature aussi. Quand on fait une balade, on prend un sac et on ramasse toutes les canettes qu’on trouve le long de la route. On essaie de prendre soin de la nature à notre niveau. Ce n’est peut-être pas grand-chose, mais je me dis que si tout le monde le fait… 

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QU'EST-CE QUI TE REND HEUREUSE QUANDF TU AS FAIT QUELQUE CHOSE POUR QUELQU'UN?

 

C’est un sourire. C’est quelqu’un qui quitte mon bureau en disant « Merci. Merci pour vos conseils ». C’est ça. C’est la reconnaissance que je reçois au niveau de mon travail, c’est les sourires des gens. C’est le fait que les gens soient positifs. Quelqu’un qui était complètement démoralisé et me dit qu’il avait 53 ans et qu’il n’allait plus trouver de travail. J’ai essayé de lui expliquer, de lui montrer, de lui parler de gens qui avaient retrouvé un travail à son âge et qu’il n’y avait pas de raison. Ce sont les gens que je peux aider. C’est les enfants aussi. Je ne sais pas combien de fois Nico a oublié son sac de Gym. J’étais une mère attentionnée. J’allais porter son sac à l’école, et donc « merci maman, c’est super ». Un gros câlin.

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ET QU'EST-CE QUI TE REND TRISTE?

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C’est de regarder les nouvelles. De voir ce monde qui se … de voir tous ces conflits, les attentats. C’est aussi de me dire que mes enfants vont grandir dans ce contexte-là. Ca me rend triste parce que j’ai eu la chance de vivre mon enfance ici à la campagne en toute insouciance, dans une sécurité relative par rapport à maintenant.

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L’autre jour j’ai stressé parce que Nicolas avait raté son bus alors que j’étais au travail. Je ne pouvais pas revenir. J’ai laissé mon smartphone sur les genoux pendant mes entretiens. Je lui disais « tu restes avec moi ». Il a fait les cinq kilomètres à pied tout seul. Mais voilà, j’ai stressé. Je n’aime pas le savoir tout seul sur les routes de campagne. Il y a encore à l’heure actuelle des enfants qui se font enlever. Donc voilà, ça me rend triste de devoir gérer ce genre de problématique.

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Ce qui me rend triste c’est de voir à quel point les gens sont irrespectueux de la nature autour d’eux. Il y a quelque temps, on est allé faire un tour dans la campagne ici. On a ramassé 73 cannettes de toutes sortes de boissons. Je me dis « on va le faire, mais dans une semaine on peut y retourner ». Ca, ça me rend triste. Vraiment. 

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Ce qui me rend triste aussi, c’est de voir qu’au niveau de l’écologie ici en Belgique, on ne fait pas grand-chose. Je parle des emballages des aliments. Si je vais en Allemagne, j’ai essentiellement des bouteilles en verre. Ici en Belgique, on a des bouteilles en plastique. Les déodorants là-bas n’ont pas de gaz propulseur. 

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Il y avait avant dans les magasins, des sacs en papier dans lesquels on pouvait emballer ses courses. On n’en voit plus. J’achète de la cassonade. Avant, elle était dans un emballage en papier, maintenant elle est dans un emballage plastique. Là, je me dis qu’on ne fait pas de progrès. On ne fait pas d’effort par rapport à tout ce qui est emballage. Il y a quelques magasins qui vendent des produits non emballés. Tu dois aller chercher ton litre de yaourt avec ton Tupperware. Les gens qui font attention, ça reste très fort une niche. 

 

Moi, par exemple, si je vais acheter du pain ou des fruits dans un sac en papier, je garde le sac en papier pour emballer les pommes par exemple pour les donner à quelqu’un. Voilà, j’essaie d’éviter les emballages plastiques, mais c’est pas toujours facile. On essaie de faire des efforts, mais je pense qu’au niveau des producteurs, il n’y a pas vraiment de volonté de faire des efforts à ce niveau-là.

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Ce qui me rend triste aussi, c’est j’ai lu un livre qui s’appelle « Eating animals ». C’est sur les débuts du « factory farming » aux Etats-Unis et comment se sont développés tous ces élevages massifs d’animaux. C’est vrai que quand tu as lu le livre, tu n’as plus envie de manger des animaux. Ce qui me rend triste aussi c’est, j’ai un cousin qui est fermier et il fait du Blanc-Bleu-Belge (une race de bovins). C’est-à-dire qu’il met des veaux dans des espèces de caisses en bois. Ces veaux passent huit mois de leur vie dans une caisse. Reçoivent comme alimentation, des granulés. Et à huit mois, on les tue pour la viande. Ca me choque parce que j’ai beaucoup de respect pour les animaux. Quand j’étais enfant, les animaux étaient dehors dans les prés.

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Pour moi, le plus grand problème c’est l’avidité. L’objectif de ce fermier c’est de se faire du fric. Le plus de fric possible en le moins de temps possible. On ne va pas faire sortir ce veau parce qu’il va perdre de l’énergie. On va concentrer son alimentation sur des granulés qui vont lui apporter tout ce qu’il faut pour faire de la viande. Et ça, ça me rend triste.

 

 

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Y A-T-IL QUELQU'UN QUI FAIT QUELQUE CHOSE DE BIEN DANS CE MONDE?

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Je suis sure qu’il y a plein de gens qui font des choses bien et que l’on ne connaît pas. On a parlé de Mère Theresa. Je suis sûre que des mères Theresa, il y en a plein dans ces pays. 

Il y a peut-être des ingénieurs qui font des choses dans les pays d’Afrique pour irriguer les cultures, toutes ces choses-là. Je me dis qu’il doit y avoir plein de gens qui sont anonymes dont on ne parle pas et qui font plein de choses bien. Je n’ai pas en particulier quelqu’un. Mère Theresa ? 

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Je dois dire que j’ai pensé tout un moment que des gens comme Che Guevara ou Gandhi faisaient des choses bien, mais non. J’ai lu beaucoup. J’ai lu une autobiographie de Gandhi qui m’a beaucoup choquée et je me suis dit que tous comptes faits, c’est pas vraiment le gars qu’on m’avait décrit. De même que Che Guevara, c’était un médecin, et un médecin qui assassine des gens… ça va pas. Il y a plein de gens qu’on admire mais bon… Nelson Mandela, il a lâché des bombes quand il était adolescent dans des cafés. Il a reçu un prix Nobel de la paix, mais …

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S'IL Y AVAIT UN EVENEMENT QUE TU POUVAIS ANNULER?

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L’accident de ma mère. Oui. Ma mère a eu son accident quand elle avait 29 ans. Elle était très jeune. Ma mère était quelqu’un de très actif. Elle s’est retrouvée dépendante d’autrui pour tout un tas de choses. C’est vraiment très dur. Donc oui, cette chose là je voudrais l’annuler.

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Y A-T-IL QUELQU'UN QUE TU AIDES ACTIVEMENT?

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Je suis membre d’une association qui s’appelle « Survival International » et qui essaie de protéger les « uncontacted tribes » dans différentes régions du monde, en Afrique, en Amazonie. Donc, j’essaie d’envoyer des lettres, je fais signer des pétitions, je distribue des folders… Voilà, je suis une membre active depuis maintenant trois ans de cette association qui est basée à Londres. Je ne sais pas si ça aide, mais j’essaie qu’on préserve l’habitat de ces gens. Qu’on les aide à garder leur milieu de vie tel qu’il est maintenant. Encore une fois, c’est une question d’avidité ou d’économie.

 

 

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DANS TA VIE REVEE, OU ES-TU DEMAIN ET QU'Y FAIS-TU?

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Demain, je suis à Shanag, dans un petit village de l’Himalaya, et je bois du thé avec mes amis. C’est ce que j’aimerais.  

 

Tu emmènes ta famille avec toi ? 

 

Oui. Maintenant, je ne sais pas combien de temps je reste là-bas.

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QU'EST-CE QUE TU FERAS QUAND TU SERAS AGEE?

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Je m’occuperai de la maison, de mes petits-enfants. Je m’occuperai peut-être encore de cette association. Je prendrai la relève de mon père dans cette ASBL. Je vais continuer à être active. J’espère pouvoir être comme mon grand-père qui est décédé à 94 ans et qui était tout à fait autonome et en bonne santé. J’ai envie d’être quelqu’un d’actif.

 

 

 

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AS-TU UN MESSAGE POU CEUX QUI LIRONT TON INTERVIEW?

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« You’re the hero of your own story. So, write it well » Tu es le héros de ta propre histoire. Ecris-la bien.

 

AYANT LU TON INTERVIEW, QU'AIMERAIS-TU QUE LES GENS EN RETIENNENT?

 

Je dirais le respect de la nature, puis le respect des autres en général. Le respect de ces tribus au fin fond de l’Afrique ou de l’Amazonie, le respect de leur culture. C’est les deux choses que j’ai envie qu’on retienne.

 

J’aimerais aussi que les gens fassent plus attention à ceux qui sont autour d’eux parce qu’on a ça (ordi ou smartphone) et des fois je retrouve mes deux garçons ici et je leur dis qu’on va plutôt discuter. C’est un outil merveilleux, mais ça empiète sur la communication normale entre deux êtres humains et que quelque part c’est gênant.

 

Merci

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